Lors de ma dernière conf au @Teknseo, « Réconcilier l’UX et le SEO », j’ai abordé rapidement l’impact possible des liens sortants sur le SEO. J’y reviens un peu plus en détail ici pour ceux qui seraient resté sur leur faim, et surtout pour ceux qui n’y étaient pas.
Liens sortants et PR
Du point de vue du Pagerank (le « vrai » PR que calcule toujours Google via son surfeur raisonnable, pas le machin obsolète de la toolbar), chaque lien a un impact sur le PR.
Faire un lien sortant (vers un site externe) n’a pas pour effet direct de « donner » du jus à un autre site, au détriment du votre. Si vous offrez au surfeur une porte de sortie mais que derrière cette porte il trouve 10 chemins qui reviennent vers vous, vous aurez fait circuler le PR de manière intelligente et vous pouvez en récupérer plus que vous n’en aurez « perdu ».
Cette mécanique est toutefois délicate et difficile à prévoir. En pratique, il est difficile de trouver de bons candidats pour ce type de trick (si on les cultive soit même, c’est une autre histoire…).
Allez voir du côté de Sylvain Peyronnet si vous souhaitez creuser cet aspect.
De l’autre côté du miroir
Les liens, le PR, c’est bien joli ; mais c’est depuis le début aussi la grande faiblesse de Google : la manipulation possible de la popularité par apport de liens.
Et si on pouvait utiliser d’autres signaux, qui contrebalanceraient l’effet des liens entrants ?
A la limite, si on utilisait les liens « à l’envers » ?
Passons, comme Alice, de l’autre coté du miroir, et voyons les liens… à l’envers !
L’idée de Google, c’est d’utiliser des signaux comportementaux (on est clairement du coté UX ici) pour pondérer l’effet des liens entrants.
Si vous voulez creuser, un article de Moz très complet traite de cet aspect : « Des données comportementales comme signal de ranking« . Je me suis inspiré d’une de leur image pour refaire mon slide :
Le slide
L’idée de base est la suivante : On peut manipuler la popularité en apportant beaucoup de liens ENTRANTS, hors les liens sortants ont eux aussi une utilité, et d’un point de vue UX, ils sont essentiels.
Aucun site ne détient toute la connaissance, n’est auto-suffisant.
Comment « récompenser » un site qui aiguille vers de bonnes ressources ?
En analysant le comportement utilisateur sur les pages liées…
Dans ce slide, on a donc un « poids » (ici, un crédit temps, le temps qu’un utilisateur passe sur la page) associé à chaque page. Ce poids peut être mesuré par la big data dont dispose Google (analytics, monitoring engine, Chrome….) et/ou par un modèle de Machine learning pour les pages sans data directes.
Ce poids se « propage » dans le sens inverse des liens.
Une page (typiquement, une page ressources) qui lie vers des pages « intéressantes », sur lesquelles les utilisateurs passent du temps, va bénéficier du crédit temps de ces pages cible.
En faisant des liens sortants, on a donc peut être perdu un peu de jus (un signal qui baisse) mais on peut gagner de la pertinence, de l’engagement (un autre signal qui monte).
C’est quelque chose qu’on faisait tous plus ou moins. Mais souvent en mode « mouton », avec des liens vers des sites « d’autorité » comme, euh, ben en fait vers Wikipédia… Comme le soulignait Sandrine @GDTSB, ce signal pouvait être une raison pour laquelle ça marchait. Sauf que si tout le monde se met à faire des liens vers Wikipédia et juste Wikipédia, ça peut devenir une empreinte spammy qui ne permet plus de différentier.
En supposant ce mécanisme de base à l’oeuvre, on peut imaginer d’autres tests et d’autres leviers possibles…
La logique est la suivante : une page qui n’est pas forcément « intéressante » en elle même (elle ne contient pas la réponse à la question du surfeur, personne n’y passe forcément longtemps), devient intéressante et est valorisée si elle fait des liens sortants vers des pages qui elles, sont intrinsèquement intéressantes pour le surfeur.
D’un point de vue UX et qualité perçue, c’est bon pour Google.
Si la question est simple, on envoie vers la réponse facile, directement.
Mais sur des requêtes plus complexes, quand on a du mal à savoir quelle et la bonne réponse, où le visiteur aura-t-il le plus de chance de trouver son bonheur ? sur une page au pif ou sur une page type « ressource » qui aiguille vers les différentes réponses possibles ?
De quel chapeau tu nous sors ça ?
Un brevet de Google, déposé en 2004 et accordé l’an dernier, fin 2015.
C’est imbitable, il faut y consacrer un minimum de temps pour analyser, ce que heureusement Dan Petrovic a fait pour cet article de Moz (article qui est bien plus large que juste cette histoire de liens sortants, un must read pour les anglophones).
Dans ce brevet, Google ne parle pas uniquement de crédit temps, il peut y avoir d’autres « labels » associés à chaque page, comme la fréquence de consultation, le nombre de vues, la date de dernière vue, qui participent au « poids » de chaque page liée.
Une étude spécifiquement ciblée sur cette notion d’impact des liens sortants sur le ranking est sortie ensuite, vous la trouverez ici : Expérience sur les liens sortants (Anglais).
Mille mercis
A tous ceux qui étaient présents au Teknseo, à @Beunwa et Fanny pour l’orga exemplaire et l’invitation.
Merci à Sylvain Peyronnet qui a improvisé une introduction pendant que je me battais avec le videoproj, et qui a live tweeté une partie de la prez;
Merci à @Doeurf pour son soutien moral 🙂
Merci à @LionelMiraton et Sandrine @GDTSB qui ont animé avec des questions (et parfois des réponses) pertinentes; Merci également à @mccasal pour les échanges et son retour.
Y’en a d’autres qui ont suivi et m’ont fait des retours sur le vif, merci !
(J’ai forcément oublié plein de gens, les commentaires sont là si vous voulez faire coucou)
Sylvain Deauré – @SylvainDeaure
Donnez de l’amour à mon article !
Mes followers méritent de lire ça ! « Pourquoi les liens sortants ne font pas mal aux dents »
Je Tweete : « Au #TekNSeo, on apprend pourquoi les liens sortants sont utiles au SEO »
La question se pose pour les pages hyper pertinentes tellement bien faites que la réponse s’y trouve facilement et rapidement.
Yep. Dans ce cas, mon approche est que de toute façon, soit Google a lui aussi la réponse et va la proposer directement,
soit dans les snippets on aura directement la réponse, sans même aller sur le site final.
Là, pas d’intérêt à priori de lier vers de telles pages.
Cette approche « page ressource » prend tout son sens sur des choses plus complexes, sur lesquelles il n’y a pas forcément de consensus ni de réponse unique, ou qui permettent d’approfondir le sujet.
Typiquement, les liens sortants de cette page, vers l’article de Moz, vers le Brevet Google.
L’autre variante, ça peut être les pages de comparaison ou les top listes « 10 scripts de carousel open source ».
C’est assez rigolo, parceque comme les poids « remontent » les liens, la logique du parcours utilisateur va aussi à contresens.
Normalement, on pousse vers la conversion. Ici, on pousse vers des détails, des approfondissements, des choses externes.
En gros, si on veut attirer le visiteur, il faut aussi lui permettre de partir. C’est presque Freudien comme concept.
si la réponse y est et que l’utilisateur la trouve facilement en quelques secondes, alors il ne fera pas d’autre recherche. Avec le navigateur Chrome sur de nombreux PC, GG doit pouvoir comprendre si on s’acharne sur une question ou non.
Je limite mes liens vers Wikipedia car c’est un gros concurrent mine de rien. Mais j’aimerais bien que Linternaute me paye vu le nombre de BL que je leur balance !
Mouais, pas sur d’avoir tout saisi. Ici on ne parle pas de pogosticking, mais vraiment de comportement utilisateur, hors moteur, sur les sites.
Logique… l’erreur classique en SEO est de penser trop… SEO justement… penser d’abord à l’utilisateur permet d’éviter les maladresses de sur optimisation classiques.
bonjour Sylvain…merci pour ton article. Celui ci n’est pas signé…tu devrais 🙂
Just did it, thanks 😉
Très juste.
Les liens sortants qui restent dans la thématique ne peuvent être que positifs et jamais négatifs, tant qu’on n’en met pas 30. Je remarque que les articles qui reçoivent le plus de visites sont aussi ceux avec un certain nombre de liens externes pertinents.
C’est une grossière erreur de penser qu’il faut garder tout le jus pour soi. Il existe une sorte de pagerank thématique aussi qui détermine la pertinence d’un texte et je suis intimement convaincu que les liens externes et internes y ont leur part. Ca paraît tellement logique en plus dans une optique de recherche de qualité pour Google.